Peinture faite spécialement pour accompagner la célébration de Pâques
Elle participe à la liturgie de la résurrection
A la gloire de Dieu !
Il est des dons, des talents dont il est difficile de déterminer l’origine et le degré de fécondité qu’ils génèrent dans le temps. C’est dans ce mystère que j’évolue et que j’ai partagé avec vous le jour de Pâques avec mon grand tableau. Expliquer un mystère par des mots, relève d’une gageure que j’aurai forcément du mal à faire. Je reste sur le principe de piste partiellement éclairante.
Sujet : « Le silence »
C’est très discret mais c’est la Croix qui organise la composition de mon tableau. Elle est toute blanche, immaculée, vidée de la souffrance. Je l’évoque comme un espace de fécondité ouvert. J’ai aussi fait le choix de rester sur une gamme de couleurs réduite afin de ne pas trop agiter la rétine du spectateur. Des gris très discrets parfois imperceptibles animent des surfaces blanches immaculées. Seul le spectateur disposant d’un espace de temps peut en découvrir la présence. Les bleus, eux, structurent la composition ils indiquent des sens de lecture donnant des forces, des rythmes à certains espaces de la toile. La spirale en bas faite de lignes chaotiques est très bavarde ; elle invite à une circulation du regard du centre à son extrémité placée au milieu de la partie inférieure du tableau. Cette spirale est, sur sa gauche, interrompue pour laisser le regard échapper à ce mouvement inexorable et permet cette ouverture à gauche sur des lignes brisées, agitées, agressives, coupantes piquantes. Ce sont nos pensées, celles qui ne nous laissent pas tranquilles, qui font de notre vie un vacarme assourdissant et qui nous invitent à retrouver la paix qu’à certain moment nous avons eu la chance de goûter. Fuir cette zone d’agitation est possible de gauche vers la droite à travers une bande blanche où je ne suis pas intervenu et qui monte légèrement vers la partie droite du tableau (montant horizontal de la croix). Pas de forme qui vienne arrêter le regard, cette bande blanche se perd à l’extérieur du tableau vers l’infini. Les blancs du tableau ont autant d’importance que la couleur.
Le paragraphe précédant explique mon organisation du langage des formes et des couleurs. A partir de cette analyse vous pouvez aborder librement la connotation (cela me fait penser à). Cette liberté d’analyse est pétrie de votre culture, de votre histoire, de vos préoccupations en un mot de ce que vous êtes. Un Chinois, un enfant, un païen, un mystique, un intellectuel auront leur lecture propre et avec une part de vérité. Si je vous dis « la spirale c’est l’errance des hommes avant la révélation de Dieu sur terre et que les interruptions de cette spirale symbolisent les prophètes » vous, vous comprendrez la symbolique que je donne à ces formes parce que vous êtes chrétien. Mais si l’un des nôtres y voit une chenille d’un char d’assaut, une route, un chemin pour y faire circuler sa petite voiture, il est tout comme vous, il est avec ce qu’il est. S'il est désireux de savoir ce que cela évoque pour vous, allez y et en vérité, tout comme lui. Mais où est le silence dans ce bavardage, qu’il ne faut pas exclure ? La forme et la couleur ont en elles des résonnances qui peuvent suffire, elles sont, et m’aident au silence intérieur si doux à mon âme. Et puis je peux avec confiance m’imprégner du mystère de l’Inconnu….
La contemplation et la méditation sont pour moi la clé d’un silence habité. Je trouve que cette démarche me permet de ne plus vivre à la surface des choses. Elles communient à la vibration intérieure du vivant.
Pâques
PS : Je cherche le beau et je suis toujours heureux de le partager.
Aymard Le Forestier de Quillien
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