Avec l’annonce des Jeux Olympiques de Paris en 2024, la question de la gestion des flux de voyageurs est devenue primordiale. Comment accueillir autant de visiteurs pendant l’événement tout en permettant au trafic de rester fluide. Rapidement, il est devenu évident que la Gare du Nord allait devoir faire peau neuve avec un nouveau projet de réaménagement urbain. Mais à seulement 3h de là, la Gare de Chambéry compte aussi se moderniser et davantage s’adapter aux voyageurs. Deux projets, deux ambitions mais qui vont dans la même direction : la gare au coeur de la ville.
Entre les usagers, les riverains et les personnes qui y travaillent, les gares des grandes villes se présentent comme des centres névralgiques propices à des flux importants et parfois peu maîtrisés. A l’aube de 2020, avec un nombre de voyageurs toujours plus dense, il devient important de repenser les gares afin qu’elles s’adaptent aux nouveaux types de transports et aux nouvelles innovations. C’est dans cette optique que la Gare du Nord et la Gare de Chambéry entament toutes deux des projets de réaménagements urbains qui devraient se terminer à l’horizon de 2024, pour la première, et 2020 pour la deuxième. Un défi de taille qui se place directement dans une idée plus ergonomique de l’espace urbain.
La course aux Jeux Olympiques
Evidemment, ces deux projets n’ont pas vraiment la même ampleur. D’un côté, la Gare de Chambéry investit près de 43 millions d’euros afin de rénover sa gare multimodale tandis que le projet de la Gare du Nord se lançait avec près de 250 millions d’euros,
avant d’atteindre les 600 millions actuellement. Mais l’approche des Jeux Olympiques d’été 2024 pousse les gares à se moderniser pour permettre aux voyageurs de mieux circuler. Si le principae des épreuves va se dérouler en région parisienne, il peut devenir intéressant pour Chambéry de prendre de l’avance sur les travaux en se plaçant comme arrière base touristique. En particulier pour les épreuves qui se déroulent du côté de Lyon qui peuvent attirer beaucoup de visiteurs en semaines, et qui cherchent un peu de repos par la suite.
De cette manière, les deux projets se rejoignent dans cette volonté de fluidifier le trafic de voyageurs. Pour Chambéry, cela se traduit avant tout par la rénovation du hall de la gare ainsi que la concentration des différents types de transports comme les bus, un nouveau parc à vélo et le TER. Avec ses 1500m² de prévus, nul doute que les voyageurs ne se marcheront pas sur les pieds.
Dans cette même idée, la Gare du Nord va se scinder en deux halls, un pour l’arrivée et l’autre pour la sortie. Avec près de 10.000m² dédiés aux flux de voyageurs, la Gare du Nord va même prendre de la hauteur avec l’ajout de passerelles d’accès et un aménagement plus vertical. Optimisation de l’espace pour éviter les bouchons bien trop fréquents aux heures de pointes. La Gare du Nord voit les choses en grand.
Un pas vers la ville
Mais là où les deux projets se rejoignent avant tout, c’est dans leur volonté de totalement s’intégrer à la ville. Dans l’imaginaire collectif, une gare est un lieu de passage. On croise des voyageurs, des regards s’échangent et on finit par se quitter. Dans une gare, tout est éphémère. C’est pourquoi les deux projets souhaitent restructurer l’espace et lier la gare à la ville. Pour Xavier Dullin, président de Grand Chambéry, l’objectif est de créer un « marche pied avec le faubourg ».
Pour cela, les deux projets tendent à ouvrir l’espace vers l’extérieur. Dans un premier temps, il s’agit d’abord de transformer un lieu de passage en lieu de rendez-vous. Ainsi, la Gare de Chambéry va accueillir plus de 400m² d’espace de commerces, de restauration ainsi qu’un mur d’escalade et une véritable dynamique tournée vers le numérique et le digital. Le parvis va également être
repensé pour devenir plus végétal et accueillant pour les visiteurs. Les 28 arbres et différents parterres annoncés par le maire Michel Dantin vont donner un peu de couleur à l’ensemble. Pour la Gare du Nord et son budget colossal, ce sont
25.000m² de surface qui se consacreront aux activités diverses comme le divertissement et la culture. Un espace qui sera alors multiplié par trois par rapport à la structure actuelle. Par ailleurs, afin de davantage attirer les riverains, les commerces vont également se doter d’ouverture vers l’intérieur et vers l’extérieur de la gare. De cette manière, elle s’intègre beaucoup plus au quartier du Xe arrondissement en devenant un pôle commercial prédominant.
Cette intégration va également concerner la liaison directe avec la ville. Comme toutes les gares multimodales, la Gare du Nord et la Gare de Chambéry mettent un point d’honneur à moderniser les accès grâce à de nouvelles ouvertures. Si, pour la Gare du Nord, cela va essentiellement concerner le métro et le RER en déplaçant les entrées, la gare de Chambéry doit davantage réfléchir à une parfaite ergonomie entre les voies des bus, les espaces de covoiturages, l’auto-partage et la location de vélos.
Un projet qui intrigue les usagers
Bien entendu, une rénovation d’une telle ampleur ne peut se faire sans la concertation de ceux qui profiteront de ces améliorations. C’est ainsi que le projet de la Gare du Nord a pu être monté avec l’approbation des usagers vis-à-vis de ces innovations. Si principalement, l’enquête a montré une vive impatience, elle a également révélé des inquiétudes. Inquiétudes quant à la hauteur des bâtiments. Inquiétudes quant au temps alloué au projet. Inquiétudes au niveau de la sécurité ou encore sur l’esthétisme de la gare. Nombreuses sont les questions que se posent les riverains vis-à-vis de ce projet colossal. Dans son communiqué de présentation préalable, la SNCF en charge du projet est revenue sur chaque point afin de les clarifier. Si, pour le moment, certaines zones d’ombre subsistent, elle a tout de même pu rassurer les usagers.
Chambéry comme phase de test
Si les deux projets n’ont que peu de liens directs, on peut tout de même voir la rénovation de la Gare de Chambéry, 4ème gare de la région Rhône-Alpes, comme une phase de test avant le projet bien plus colossal de la Gare du Nord. Une manière de se faire la main sur la restructuration des flux de voyageurs. Les similitudes entre les projets pourraient par ailleurs permettre de soulever de nouvelles interrogations ou des problèmes de gestion. Chambéry va alors se placer comme précurseur dans la construction de gare moderne intégrée à la ville mais également accessible pour tous et dans les meilleures conditions. Les travaux débutés en septembre 2018 sont prévus pour durer jusqu’à l’été 2019, date de mise en fonction totale du site. Juste à temps avant le début de ceux de la Gare du Nord qui s’étendront jusqu’à 2024.