Je n'aurai pas le temps de tout faire,
Avait dit le gouvernement, et toutes les affaires ;
Pour ainsi dire, le peuple devra se débrouiller,
Travailler, se loger, dormir, s'il pourra manger.
Je n'aurai pas le temps d'embrasser, d'aimer,
Tant de choses pour tenir toutes mes entreprises ;
De courir après le vent, en course cette société,
Nous pourrons enfin comprendre sous l'emprise.
Je n'aurai pas le temps, même à la retraite,
De filer en courant d'air, de portes en couloir ;
Il est temps de réagir et aussi de reconnaître,
A cet âge la raison provenant d'un bon vouloir.
Je n'aurai pas le temps, depuis notre enfance,
De tout dire, tout écrire, finalement tout comprendre ;
Il faut du temps pour acquérir de l'expérience,
La vie ne va pas que d'amusement, cela va surprendre !
Je n'aurai pas le temps de tout vous écrire,
Tous ces grands écrivains, enfin devaient-ils dormir ?
D'avoir romancé tous les livres dans les salons,
De lecture, des libraires, les étagères et les rayons.
Je n'aurai pas le temps, de tout vous dire,
Vous qui êtes distants, loin des terres et des mers,
Tous les grands voyages en voyant vos sourires,
Je ramènerai les remèdes pour nos cœurs amers !
Je n'aurai pas le temps de vous dire adieu,
Car ne jamais se quitter, il vaudrait mieux ;
Si l'on prenait le temps de parler, se connaître,
Ainsi le monde dispersé pourrait enfin renaître.
Hubert Déquier
Extrait du recueil : « Le Registre des Muses »
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