Giacomo Leopardi (1798-1837) est un immense poète et philosophe italien dont je connaissais bien peu de choses. Le merveilleux film de Mario Martone qui lui est consacré est un hymne à la création et une profonde méditation sur la place de l’homme dans le monde. La maladie qui déforme le corps de Leopardi et le courbe peu à peu jusqu’à toucher presque le sol est l’exacte opposée de l’élévation dont témoigne sa poésie. Je pense au « Genêt » par exemple dans lequel il écrit : 
Et toi, souple genêt
Qui d’odorantes feuilles 
Orne ici les campagnes désolées, 
Toi aussi tu succomberas bientôt 
À la cruelle force du feu souterrain 
Qui, retournant au lieu déjà connu, 
Déploiera son avide flot 
Sur tes molles forêts. 
Tu plieras
Sous le fardeau mortel docilement 
Ton innocente tête ; 
Mais sans l’avoir courbée vainement jusqu’alors 
En suppliant, devant 
Le futur oppresseur, mais sans l’avoir dressée 
Avec un fol orgueil vers les étoiles 
Ni sur ces solitudes où tu avais, 
Non de gré mais par hasard, 
Ton séjour et ton origine : 
Passant l’homme en sagesse d’autant plus 
Que tu ne crus jamais 
Par la grâce du sort ou toi seul 
Tes surgeons immortels.