Mon idée ici : une courte étude du thème de la violence dans le livre de la jungle de Rudyard Kipling, voici quelques éléments (Je me bornerai au premier tome des aventures de Mowgli, de ses amis et autres).
Un grand merci d'abord à Frédérique pour m'avoir fait découvrir le livre de la jungle et le second livre de la jungle. Ces deux livres, à la fois poétiques et haletants, m'ont fait passer un beau moment. La violence y est omniprésente, on la retrouve dans tous les chapitres. L'affection, l'amour jouent aussi un grand rôle.
La violence semble inhérente, consubstantielle à la vie que ce soit dans la jungle ou au dehors. C'est le cobra qui mange les oisillons tombés du nid, la mangouste Rikki-tikki-tavi qui chasse le cobra. Les animaux agissent par instinct et luttent pour leur vie, leur territoire... Dès leur naissance, les petits apprenent à chasser et à se défendre grâce au jeu. La lutte pour la vie se retrouve au sein d'une même espèce (c'est la lutte des phoques entre eux pour leur territoire dans le chapitre "Le phoque blanc"...) ou entre espèces.
La violence est présente aussi chez les hommes (ils chassent Mowgli du village) et bien sûr dans le rapport des hommes aux animaux (violence des hommes qui écorchent les phoques et chassent les éléphants). Le tigre Shere Khan chasse l'homme, les hommes enflamment l'herbe. Haine de Shere Khan pour Mowgli qui finira par avoir raison du tigre.
Si un des thèmes du livre est la recherche de la paix (notamment par la loi), celle-ci est acquise par la violence. Car pour survivre, Mowgli doit tuer Shere Khan... L'harmonie du monde de la jungle s'appuie sur la violence naturelle. De la même manière, la loi de la jungle censée régler les rôles, les attributs, les interdits de chacun, exerce-t-elle une forme de violence. Mais la loi de la jungle permet aux animaux de vivre en bonne intelligence.
Le corrolaire de la violence, la douceur, l'affection, donne au livre de la jungle sa profondeur. Amour maternel d'abord : c'est Mère Louve qui s'attendrit devant le jeune Mowgli au point de l'adopter et de le défendre désormais contre Shere Khan et devant ses autres ennemis. De même lorsque Mowgli retourne chez les hommes, sa nouvelle mère lui donne son affection et le défend contre ceux qui veulent le chasser. Etonnant parallèle entre le monde des animaux et celui de l'homme. Amour paternel ensuite : Père loup élève Mowgli en lui donnant les clés de la vie dans la jungle. Amour fraternel aussi des frères loups de Mowgli. Baloo (qui enseigne aux petits la loi de la jungle) et Baghera défendent Mowgli au Conseil des loups. Lors de l'enlèvement de Mowgli par les Bandar-Log, les deux compères ne se consolent pas d'avoir perdu le petit d'homme et font tout pour le sauver. Baghera, sorte de mamie gâteau qui se laisse gentiment martiriser par le petit Mowgli, réconforte celui-ci quand il doit quitter la jungle. Mowgli s'écriant : "ô Baghera que j'aime !". L'affection des animaux pour Mowgli n'est pas aveugle : ils n'hésitent pas à le corriger quand il a mal agi. Ils le reconnaissent pourtant comme leur frère. Et Mowgli n'est pas en reste : il aide par exemple les loups à se défaire des épines prises dans leur poil et bien sûr tue Shere Khan. Mowgli représente le trait d'union entre les hommes et les animaux. Il n'est pas le seul : Face à deux serpents bruns, la mangouste Rikki-tikki-tavi sauve ses amis humains, ceux là même qui l'avaient recueillie et soignée. Dévouée et modeste, elle veille sur les hommes.
Violence et affection apparaissent ici comme les deux faces complémentaires de la réalité du monde de la jungle et finalement du monde en général. En ce sens, le regard de Kipling sur la vie est précieux, la leçon est profitable.